Certification Plante Bleue (3/7) : savoir protéger...
Ce troisième chapitre de la série consacrée à Plante Bleue et aux critères exigés à chacun de ses deux niveaux (Diagnostic environnemental et Référentiel technique national) aborde la protection des cultures.
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La protection des cultures est sûrement la thématique dont les objectifs sont les mieux perceptibles au regard des conséquences environnementales qu'elle peut avoir et du contexte réglementaire actuel.
1 CONTEXTE : LES ENJEUX LIÉS À LA PROTECTION DES CULTURES.
L'usage des pesticides peut avoir des répercussions néfastes et parfois durables sur l'environnement et la santé publique. Un constat détaillé des impacts sur les eaux, sur l'air et sur les sols était ainsi récemment proposé dans un article du Lien horticole (n° 783, 18 janvier 2012). Y sont décrits les mécanismes en cause (ruissellement, infiltration, volatilisation, dérive...) en lien avec les profils des molécules (rémanence, nocivité, volatilité...), ainsi que l'influence de certaines pratiques de production (gestion des effluents, conditions d'application...). L'auteur de l'article, Jérôme Jullien, précise également que « les professionnels de l'horticulture et du paysage doivent renforcer leur démarche éco-responsable dans un contexte où les mesures réglementaires [...] s'intensifient ». La certification Plante Bleue apporte ainsi une réponse aux horticulteurs, tandis que le secteur du paysage est en passe de s'engager très prochainement.
2 NIVEAU I : LE DIAGNOSTIC ENVIRONNEMENTAL.
L'existence d'un diagnostic environnemental, premier niveau de la démarche Plante Bleue, est fréquente dans les démarches de progrès et de certification. Outre l'auto-évaluation de l'entreprise vis-à-vis des exigences du niveau suivant, il s'agit de porter un regard critique et constructif sur les pratiques en place (état des lieux) et à venir (pistes d'amélioration). Pour gagner en objectivité, l'intervention à ce niveau d'un regard externe est souvent nécessaire ; il est donc recommandé de s'appuyer sur les conseillers horticoles agréés.
L'une des principales difficultés de la construction d'un diagnostic qualitatif (c'est-à-dire d'évaluation des pratiques) sur le thème de la protection des cultures relève de la diversité des mesures prophylactiques, des alternatives et des techniques de lutte démultipliées par la diversité des schémas culturaux. Une enquête réalisée en 2009 avait permis le recensement des pratiques rencontrées dans les entreprises. Désormais, et dans le cadre du diagnostic, le producteur peut s'aider de ces listes exhaustives, qui incluent notamment des mesures préventives : paillages (paillis, collerettes...), désinfection de l'eau et du sol (plusieurs techniques), vides sanitaires, stockage des substrats, maîtrise de la qualité sanitaire du matériel végétal... Ces techniques ne sont pas envisageables pour tous, mais leur énumération doit permettre a minima d'évaluer l'intérêt et la possibilité ou non, d'une mise en oeuvre dans l'entreprise. Au sein du diagnostic, il n'est pas indispensable d'avoir sélectionné chacune des bonnes pratiques pour obtenir la note maximale.
3 NIVEAU II : LE RÉFÉRENTIEL TECHNIQUE NATIONAL.
Les exigences pour la protection des cultures s'articulent autour de quatre chapitres qui suivent la logique des entreprises de production.
Prévenir les risques, tout d'abord ; l'ensemble des mesures prophylactiques trouvent ici leur place. Leur inventaire permet en effet de faire valoir auprès de l'auditeur les bonnes pratiques déjà en oeuvre dans l'entreprise.
Mesurer ces risques ; les entreprises sont capables d'évaluer la pression sanitaire exercée sur les cultures et d'en apprécier les risques. Pour ce faire, plusieurs indicateurs permettent à l'auditeur de valider cette exigence : présence de panneaux chromatiques, de plantes pièges, conseil technique, résultats d'observations, bulletins d'information (BSV)...
Agir, ensuite ; les contrôles portent sur l'ensemble des opérations d'entretien, notamment sur l'utilisation et l'entretien des matériels de pulvérisation, étant entendu que le contrôle des pulvérisateurs tous les cinq ans reste une obligation réglementaire (décrets 2008-1254 et 1255).
Assurer la traçabilité, enfin : maître-mot des démarches qualité, la traçabilité de chacune des interventions est assurée. Le référentiel liste ainsi chaque information à enregistrer dans le cadre du suivi des applications. Un certain nombre d'obligations des entreprises en matière de santé et de sécurité au travail des salariés sont rappelées dans le volet social du référentiel Plante Bleue.
4 POINTS RÉGLEMENTAIRES : QUELS CONTRÔLES ?
Le référentiel technique Plante Bleue liste les bonnes pratiques à adopter pour obtenir la certification. N'y figurent donc pas les points réglementaires, pourtant nombreux en matière de protection des cultures. Est-ce à dire alors que la certification peut être obtenue sans considération de ceux-ci ? Non. L'organisme certificateur, lors des audits effectués dans le cadre de Plante Bleue, porte aussi son attention sur ce qui est consigné dans le cahier d'enregistrement, sur les conditions de stockage des produits phytosanitaires, les équipements de protection, etc. Si des écarts importants sont relevés, et en l'absence d'actions correctives, la délivrance du certificat peut, le cas échéant, être mise en suspens (cf. Référentiel technique national, règlement intérieur, II. Aspects réglementaires). Dans la préparation à la certification, il est donc judicieux de s'aviser de ce point et, de manière plus générale, disposer ou avoir accès à une veille réglementaire au sein de son entreprise sera toujours une saine précaution.
Romain Manceau (*)
(*) Astredhor, romain.manceau@astredhor.fr Les documents relatifs au diagnostic et au référentiel sont disponibles sur le site www.valhor.com, dans la rubrique Qualité & Certification. Plus d'informations à l'adresse Internet plantebleue@valhor.fr
Mesurer les risques : par exemple, en utilisant des panneaux englués sous serre. PHOTO : GIE FPSO
Agir : notamment par la protection biologique intégrée (ici, larve de coccinelle contre puceron). PHOTO : GIE FPSO
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